« Alors que le propriétaire de l'entreprise est toujours en train de promouvoir la justice et de défendre les droits, il m'a approchée physiquement et m'a proposée un poste élevé en échange d'un rapport sexuel. Lorsque j'ai refusé, il a menacé de me poursuivre si j'en parlais à qui que ce soit. »
Un témoignage parmi tant d’autres de femmes journalistes au Liban relaté dans une étude de la Fondation Samir Kassir (SKeyes), intitulée « Un préjudice psychosocial et une carrière entravée : les luttes des femmes journalistes au Liban », publié vendredi. La fondation est une association à but non lucratif, œuvrant au sein de la société civile et dans les cercles culturels, pour diffuser la culture démocratique au Liban et encourager les nouveaux talents de la presse libre.
Dans ce rapport, 90 % des femmes journalistes interviewées ont rapporté des cas de « mauvais comportements ». Parmi elles, 70 % affirment avoir été harcelées sexuellement ; 96 % confirment que d'autres collègues en ont été victimes.
Cette étude se base sur 70 interviews menées auprès de femmes journalistes qui « vise à approfondir les défis professionnels et personnels auxquels elles sont confrontées, mettant en lumière leurs droits sur le lieu de travail, tels que les salaires, les promotions et les vacances, ainsi que les divers désagréments qu'elles rencontrent sur le terrain », explique le rapport de 35 pages.
59 % rapportent des cas d’abus verbaux
Le harceleur de ces journalistes était dans 51 % des cas "à un poste de décision managériale", souligne le rapport. Dans 37 % des cas, un collègue de travail. A la question de savoir si l'entreprise pour laquelle ces femmes travaillent a fixé une « politique de claire de prévention de l'exploitation et des agressions sexuelles internes (EASI) », 73 % ont répondu par la négative.
Autres formes de mauvaise conduite en plus du harcèlement sexuel : 59 % rapportent des cas d’abus verbaux, 49 % ont été confrontés à des discours de haine, 43 % à des menaces, 30 % à des violences physiques et 19 % ont été victimes de cyberintimidation et de harcèlement en ligne. « Le harcèlement verbal est également très répandu pour attaquer les femmes. Contrairement aux hommes, les femmes sont la cible de commentaires personnels, sexuels et intimidants qui dégradent leur honneur et leur dignité », dénonce le rapport.
Parmi diverses recommandations au niveau institutionnel, éducatif et de la société civile, l'étude préconise entre autres de mandater les entreprises médiatiques à mettre en place des politiques de "prévention de l'exploitation et des abus sexuels (PSEA)" et de "définir clairement et respecter les mécanismes de plainte internes aux sociétés, en garantissant la confidentialité et l'anonymat".