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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

Sit-in de solidarité avec Hassan Chaabane : « La vérité objective est un droit »

Samedi 03 septembre 2022
Photo credit: Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour

Un sit-in de solidarité a été organisé hier (vendredi 2 septembre 2022) devant le ministère de l’Intérieur à Beyrouth, à l’initiative du syndicat alternatif de la presse, en signe de solidarité avec le photojournaliste Hassan Chaabane, qui est la cible de menaces depuis le début du mois d’août, depuis qu’il a couvert les manifestations dans son village natal de Beit Yahoun, dans le district de Nabatiyé au Liban-Sud.


Présente à cette mobilisation, la députée de l’opposition Halimé Kaakour a déclaré à L’Orient-Le Jour que « la vérité fait peur aux autorités ». « En tant que représentants de l’État, il est de notre devoir de protéger la liberté d’expression », a-t-elle souligné, ajoutant que tant que les journalistes respectent la loi libanaise, « ils devraient pouvoir dire ce qu’ils veulent ». Mme Kaakour a noté que l’une des clés pour résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté est d’assurer que les citoyens et les journalistes puissent s’exprimer librement.


Jeudi, M. Chaabane avait trouvé une bouteille de carburant et un dispositif électrique sous sa voiture près du pneu arrière et affirmé qu’il s’agissait d’une menace d’incendier sa voiture. Des inconnus avaient également crevé le pneu de son véhicule le 14 août et menacé de l’expulser de son village natal.


Un papier avait été collé sur son pneu disant : « Quitte le village. Collaborateur. Chien. » Le 4 août, il avait déjà trouvé une balle placée sur la vitre de sa voiture. Le 3 août, le photojournaliste avait rapporté qu’un groupe d’individus, identifiés comme des partisans présumés du Hezbollah, l’avaient agressé suite à la publication de vidéos et de messages sur les réseaux sociaux concernant une manifestation organisée par un groupe d’habitants de Beit Yahoun contre les pénuries d’eau.


Hassan Chaabane lui-même affirme « ne pas comprendre ce qui s’est passé ». « Logiquement, ce reportage ne mérite pas tout ce remue-ménage, tout ce que les habitants revendiquaient, c’est de l’eau courante, coupée depuis un an, raconte-t-il à L’OLJ. Dans le village, il n’y a aucune tension. Je me déplace sans problème. Mais j’ai de nouvelles surprises chaque quelque temps, des messages sur ma voiture ou à la maison. Je ne sais pas combien de temps ça va durer. »


La partie visible de l’iceberg

Jad Chahrour, chargé de communication à la Fondation Samir Kassir, fait remarquer que Hassan Chaabane n’avait pas spécialement donné son opinion concernant les images du sit-in qu’il a filmées, mais qu’il avait transmis ces images objectivement « et que c’est le droit de tout citoyen d’avoir accès à la vérité objective ».


Ali Mourad, militant politique et ancien candidat aux législatives au Sud, estime, dans une déclaration à L’OLJ, que « ce que subit Hassan Chaabane après ses reportages sur les conditions de vie dans sa région ne sont que la partie visible de l’iceberg des tentatives de faire taire les gens ». « Il y a une volonté d’empêcher la population de s’exprimer, et Hassan a eu le courage de casser ce monopole et ce mur de la peur dans son village, a-t-il poursuivi.


Cela a indisposé le tandem chiite qui contrôle cette région et ils lui ont adressé des menaces directes à plusieurs reprises. » Selon le militant, « se tenir aux côtés de Hassan Chaabane aujourd’hui est un devoir dans le cadre de cette lutte pour les libertés et la protection de tous les journalistes qui osent critiquer la classe politique et dénoncer la situation qui prévaut dans le pays ».


Michel Hélou, ancien directeur de L’OLJ et lui aussi candidat aux législatives à Baabda, a qualifié « d’inacceptables » les menaces proférées contre Hassan Chaabane. « C’est une atteinte à la liberté d’expression, dans un pays effondré où on ne possède plus que notre foi et notre liberté, poursuit-il. Il me paraît d’autant plus essentiel de défendre cette liberté qui nous reste. »

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