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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

Le prix Samir Kassir récompense des œuvres sur la guerre, l’émigration et les minorités sexuelles

Mardi 06 juin 2023
Photo credit: Matthieu Karam

Les lauréats du prix Samir Kassir 2023 ont travaillé sur des sujets choc comme l’émigration clandestine, les drag-queens ou encore les transformations à la suite des destructions de la guerre. Ils s’appellent Inas Hakky (Syrie, dans la catégorie opinion), Mohammad Chreyteh (Liban, dans la catégorie des actualités audiovisuelles) et Mahmoud al-Sobky (Égypte, dans la catégorie du reportage d’investigation). La traditionnelle cérémonie de remise des prix, qui en est à sa 18e édition, s’est déroulée lundi au palais Sursock, en présence de l’ambassadeur de l’Union européenne au Liban, Ralph Tarraf, et de la présidente de la Fondation Samir Kassir, Gisèle Khoury, veuve de Samir Kassir, journaliste opposant au régime syrien assassiné en 2005.


Mme Khoury a prononcé un discours très ferme, critiquant la classe politique au pouvoir au Liban, le Hezbollah (sans le nommer directement) et l’occupation syrienne au Liban, qui s’est achevée en 2005. Elle a également stigmatisé les attaques contre les réfugiés syriens et les ONG, alors que le Liban connaît une vague de demandes de rapatriement de ces réfugiés ces dernières semaines. « Vous êtes responsables de la crise au Liban, vous êtes responsables du changement de l’image du Liban depuis l’occupation syrienne », a-t-elle lancé.


« J’ai choisi d’être journaliste après l’assassinat de Kassir »

Pour Ayman Mhanna, directeur de SKeyes, il est très significatif que 18 ans après l’assassinat de Samir Kassir, il y ait 242 candidats pour le prix qui porte son nom. « Cela signifie que toute une génération de jeunes journalistes sont toujours attirés par son nom et par les valeurs qu’il représentait », dit-il à L’Orient-Le Jour.

Il rappelle que ce prix se concentre sur les sujets de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et des principes démocratiques. Ce qui était spécifique cette année, poursuit-il, c’est cette concentration sur les droits des minorités sexuelles, les droits des femmes et les tabous liés au genre, tout comme les agressions sexuelles contre les jeunes garçons et la question de la migration qui est au centre d’un débat mondial qui polarise l’opinion publique.

L’Égyptien Mahmoud al-Sobky a choisi le très difficile sujet de l’émigration clandestine. « J’ai opté pour ce sujet parce qu’il est très important pour moi, et parce que les victimes des passeurs n’ont aucun droit », confie-t-il à L’OLJ. Pour mener à bien son reportage, il s’est fait passer pour un passeur au Moyen-Orient et en Europe. Ce journaliste qui a 15 ans d’expérience estime que le prix qu’il vient de gagner est l’un des plus prestigieux.

C’est la vie compliquée des drag-queens au Liban que Mohammad Chreyteh a voulu illustrer dans son reportage. « Aucune loi ne les protège et leur art est banni, ce qui me met en colère », dit-il. Le plus difficile pour lui a été de convaincre les drag-queens de s’exprimer devant la caméra. « Elles sont très courageuses parce qu’elles font face à beaucoup de violences au Liban », assure-t-il. Lui-même a été très blessé par certaines réactions à son reportage, notamment de la part de confrères. « Ce prix me touche beaucoup parce que j’ai choisi d’être journaliste après l’assassinat de Samir Kassir », affirme Mohammad Chreyteh. La Syrienne Inas Hakky a quant à elle écrit un article d’opinion intitulé « Lettre à Jackie Chan » dans lequel elle raconte la souffrance qui découle des transformations consécutives aux destructions de la guerre.


Également rencontrés sur place, deux journalistes égyptiens qui font partie des finalistes, Ahmad Gamaleddine et Ahmad Ismaïl. Ils ont mené la délicate mission de filmer des personnes se rétablissant de maladies mentales dans le plus grand hôpital gouvernemental du Caire, afin de véhiculer le message de leur nécessaire réinsertion dans la vie sociale, loin de la stigmatisation dont ils font trop souvent l’objet.

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