Le film Barbie, dont la sortie au Liban était prévue le 31 août, ne sera probablement jamais projeté dans les cinémas libanais. Ce mercredi, le ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada a demandé à la Sûreté générale (SG), par l'intermédiaire du ministère de l'Intérieur, d'interdire le film.
En juillet, la date de sortie de Barbie avait déjà été repoussée au Liban et dans certains pays du Golfe.
Dans un communiqué publié mercredi après-midi, M. Mortada a indiqué avoir envoyé un mémo à la SG "afin qu'elle prenne toutes les mesures nécessaires pour interdire ce film au Liban".
Les justifications du ministre
"Ce film va à l'encontre des valeurs morales et religieuses du Liban, car il encourage la perversité et la transformation des sexes tout en appelant au rejet de la tutelle patriarcale et en ridiculisant le rôle des mères", a déclaré M. Mortada pour justifier sa décision d'en demander l'interdiction. "Le ministère de la Culture et toutes les parties concernées sont invités à respecter les décisions prises à l'issue de la réunion ministérielle consultative qui s'est tenue mardi à Dimane et qui a mis l'accent sur le respect des valeurs familiales", poursuit le texte.
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a tenu une réunion ministérielle informelle mardi dans la résidence d'été du patriarche maronite Béchara Raï à Dimane. Une déclaration commune publiée à l'issue de la réunion appelle "toutes les autorités, les institutions éducatives, les médias et la société civile à se concentrer sur l'identité nationale, son éthique et ses valeurs, y compris la famille". Toujours selon ce communiqué, "les idées qui vont à l'encontre de l'ordre divin et des principes partagés par tous les Libanais doivent être combattues".
Contre les "valeurs morales" libanaises
"Ce film contredit les valeurs morales, religieuses et familiales qui protègent la société libanaise. La projection de ce film au Liban aura les pires effets et conséquences, notamment sur les enfants", a déclaré le ministre de la Culture.
La semaine dernière, la chaîne TV al-Mayadeen, réputée proche du Hezbollah, avait publié sur Instagram une vidéo critiquant le film pour sa promotion du "féminisme extrême et de l'homosexualité".
Traditionnellement, la Sûreté générale autorise ou censure les films et les pièces de théâtre avant qu'ils ne soient projetés publiquement au Liban, via son comité de censure. Cependant, une source à la SG a fait savoir mercredi à L'Orient Today que la décision d'interdire Barbie n'était pas de son ressort.
En octobre 2021, Ayman Mhanna, directeur exécutif de la Fondation Samir Kassir, qui milite pour la liberté des médias, avait déclaré à L'Orient Today que le rôle de la SG en tant qu'unique autorité de censure au Liban enfreignait une loi de 1947 qui dispose qu'un comité de représentants ministériels devait superviser les procédures d'approbation préalable.
Au Liban, les films sont régulièrement interdits ou partiellement censurés pour des questions du même genre. En juin, Spider-Man : Across the Spider-Verse avait été interdit à cause d'un drapeau transgenre, qui apparaît brièvement à l'arrière-plan d'une scène. L'année dernière, le Liban a rejoint au moins 14 pays du Moyen-Orient et d'Asie dans sa décision d'interdire le film Pixar Lightyear de Walt Disney à cause d'un bref baiser entre deux femmes.