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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

Bisri, Aïn Dara, Eden Bay... c’est la chasse aux militants

Jeudi 13 juin 2019

La violence contre les détracteurs du barrage de Bisri (vallée entre Jezzine et le Chouf) est montée d’un cran, le week-end dernier. Roland Nassour, le jeune coordinateur de la Campagne nationale contre le barrage de Bisri, guidait des visiteurs à travers les vestiges historiques et naturels de la vallée, quand il a été attaqué par une bande d’individus qui l’ont sévèrement battu. Le jeune homme a dû user de toute son agilité pour échapper à ses agresseurs, avant d’être hospitalisé, avec une blessure grave à l’oreille.

« Nous étions dans un domaine public, mais ces hommes sont sortis de nulle part, nous accusant de nous trouver sur des terrains expropriés, dit-il. J’en ai reconnu deux : ils prétendaient souvent être des nôtres et participaient à nos manifestations, mais causaient aussi de nombreux problèmes, nous empêchant parfois d’aller sur les terrains, essayant de mettre la main sur notre page Facebook et refusant les critiques contre certains politiciens… »

Roland Nassour assure que ce jour-là, il participait à une marche pacifique, mais que ses agresseurs, eux, avaient une attitude belliqueuse dès le départ. « Je me souviens de cinq assaillants, mais les personnes qui m’accompagnaient assurent qu’ils étaient plus nombreux, raconte-t-il. Ils m’ont frappé sur différentes parties du corps, ont cassé mes lunettes, l’un d’entre eux m’a même mordu l’oreille, en arrachant une partie. Par trois fois j’ai essayé de leur échapper, avant de réussir à me sauver, tout en sang. J’ai couru dans la plaine durant une vingtaine de minutes avant de regagner la voiture la plus proche. On m’a emmené à l’hôpital Aïn w Zein au Chouf, puis j’ai été transporté à l’Hôpital de l’Université américaine où j’ai été opéré. »

Le jeune homme souffre toujours de contusions aujourd’hui et son oreille a été endommagée de manière permanente. Pourquoi une agression aussi sauvage contre un militant pacifique ? « Je pense que notre campagne a été très efficace et commence à constituer une menace pour les intérêts de ceux qui défendent le barrage, estime-t-il. C’est une tentative d’intimidation que je place dans le cadre d’une campagne bien plus vaste à laquelle nous sommes tous exposés : certains habitants sont même menacés d’être chassés de leurs emplois. »

Roland Nassour compte porter plainte contre ses agresseurs. L’enquête donnera-t-elle les résultats escomptés ?

Convoqués… pour avoir critiqué l’Eden Bay
Cette agression intervient alors que d’autres militants ont également fait l’objet de tentatives d’intimidation récemment. Le Bureau de lutte contre la cybercriminalité a ainsi convoqué trois militants de la société civile, Zeina el-Hélou, Nada Nassif et Wadih el-Asmar, à comold_paraître lundi dernier sur base d’une plainte déposée par l’hôtel Eden Bay Resort, l’établissement ultracontesté construit à même la plage publique de Ramlet el-Baïda à Beyrouth. Zeina el-Hélou a déclaré au site de la Fondation Samir Kassir (SKeyes) que la plainte a été déposée « suite à des messages lancés aux artistes Maya Diab, Ziad Bourgi et Abbas Jaafar, leur demandant d’annuler un concert prévu dans cet hôtel, qui occupe illégalement la plage ». La militante a cependant « refusé de comold_paraître, étant donné qu’une convocation par téléphone ne peut être considérée comme officielle ». « Après deux autres refus pour la même raison, on m’a fait savoir que je m’exposais à des procédures légales supplémentaires », explique-t-elle à SKeyes. « J’attends toujours qu’on m’envoie une convocation officielle chez moi », insiste-t-elle.
Wadih el-Asmar indique à L’Orient-Le Jour que « cette convocation est très étrange », assurant n’avoir « jamais reçu d’appel de quiconque ». Et de poursuivre : « J’en ai été notifié la première fois par Zeina el-Hélou, qui a elle-même été appelée par une personne prétendant être du Bureau de lutte contre la cybercriminalité. Au cours de la conversation, cette personne lui a textuellement demandé d’emmener ses amis avec elle, nommément Nada Nassif et moi-même. Elle lui a alors rétorqué qu’elle n’était pas l’un de nos parents et qu’il n’avait qu’à nous appeler. »

« La seconde fois que j’en ai entendu parler, poursuit-il, c’est par une information parue sur une page gérée par l’Eden Bay, ouverte par les “amis de (Wissam) Achour” (le propriétaire de l’établissement). Selon cette information, j’avais été appelé pour être convoqué au Bureau de cybercriminalité mais mon téléphone portable était fermé. Or ceci est faux, puisque ma ligne était ouverte jusqu’à 23 heures et que je suis abonné à un service qui me notifie des appels en absence. Je suis aussi joignable sur WhatsApp. Je considère donc que le Bureau de cybercriminalité ne m’a pas notifié officiellement d’une quelconque convocation. »

Le militant trouve « inacceptable qu’un service qui prétend protéger les citoyens véhicule des informations non vérifiées sur l’un d’eux ». « Pour ce qui est de la plainte elle-même, déposée par l’Eden Bay et M. Achour, j’estime qu’il est du droit de chacun d’avoir recours à la justice, tout comme il est de mon droit de porter plainte contre eux pour diffamation et poursuites abusives une fois que je serai officiellement notifié de la convocation, dit-il. Je n’ai pas contrevenu à la loi et j’attends d’être convoqué dans les règles. Et comme cela a été le cas une première fois, je me rendrai au Bureau de lutte contre la cybercriminalité, mais je ne déclarerai rien tant que je ne serai pas exactement informé de la teneur de la plainte. »

« Quatre blessés par des tirs ! » s’insurgent les habitants de Aïn Dara
Pour leur part, les habitants du village de Aïn Dara (caza de Aley) ont apporté des précisions sur un incident survenu lundi dernier, qui a opposé des manifestants aux hommes du propriétaire de la méga-cimenterie al-Arz, Pierre Fattouche (voir L’OLJ du mardi 11 juin). Hier, dans un communiqué, ils ont fait le point pour rectifier ce qu’ils ont appelé « des informations incorrectes parues sur certains sites d’informations ». Ils ont ainsi précisé que « dans l’après-midi du lundi 10 juin, alors que des habitants s’apprêtaient à manifester pacifiquement à Dahr el-Baïdar contre l’usine de la mort, leur voiture a été prise dans une embuscade tendue par des éléments armés envoyés par Pierre Fattouche ».
Et le texte d’ajouter : « Durant ce sit-in pacifique, les milices de Pierre Fattouche ont tiré sur les habitants non armés, faisant quatre blessés : Antoine Badr, Samir Yammine, Rachid Badr et Raymond Badr, qui ont tous été hospitalisés. » Les habitants assurent que les tentatives d’intimidation ne les décourageront pas et qu’ils continueront à s’opposer à la construction de ce qu’ils considèrent comme une industrie polluante.

 

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