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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

À Beyrouth, Reporters sans frontières ouvre un centre pour la protection et le soutien des journalistes

Jeudi 21 mars 2024
Photo credit: Matthieu Karam

« Plus de 100 journalistes ont été tués à Gaza par les forces israéliennes en moins de six mois (...), faisant de ce conflit l’un des plus meurtriers pour les journalistes. » C'est par ce constat glaçant que Rebecca Vincent, directrice de campagnes de Reporters sans frontières (RSF), a annoncé le 21 mars, lors d'un point de presse, l'ouverture à Beyrouth du « Centre régional pour la liberté de la presse ». Une inauguration qui intervient alors que le Liban paie un lourd tribut dans le conflit qui a débuté en Israël et à Gaza le 7 octobre et qui s'est étendu au Liban dès le lendemain.


Cette guerre a coûté la vie à plus de 300 personnes au Liban, dont une cinquantaine de civils. Parmi eux, trois journalistes ont perdu leur vie dans des frappes israéliennes : Issam Abdallah, Farah Omar et Rabih Maamari. Six autres ont été blessés, dont certains gravement.


Beyrouth, un « hub pour les journalistes »

Alors que le conflit se poursuit, RSF, en partenariat avec la Fondation Samir Kassir, a décidé de se mobiliser pour soutenir les journalistes de la région couvrant la guerre à Gaza, mais également au Liban et dans les pays voisins.

« Certains journalistes portent des gilets de protection aussi fins que la veste que je porte aujourd’hui », dit au micro celle qui a été la première journaliste à être déployée au Liban-Sud, le 7 octobre au matin. Elle se trouvait aux côtés de Issam Abdallah, lorsqu'il a été tué par un bombardement israélien le 13 octobre. De retour du Sud tout juste mercredi, après un mois de couverture sans arrêt, elle a appelé ses confrères à  « refuser d'aller sur le terrain » si leur employeur ne leur assure pas le matériel de protection nécessaire et adéquat. « Vous êtes responsables de la vie de ces journalistes. Ce sont des humains », dit-elle en s'adressant aux médias.


Malek Mroué, président de la Fondation Samir Kassir, fait le même constat : « Nous avons réalisé que l’assurance pour les journalistes est soit inexistante, soit symbolique. »


« Certains médias envoient leurs journalistes sur le terrain sans formation, sans assurance, et sans matériel adéquat. L’État a également un rôle à jouer et doit assumer ses responsabilités. Il doit travailler avec des ONG comme RSF afin d’entraîner et protéger les journalistes », insiste Carmen Joukhadar, qui se confie à L'Orient-Le Jour.


« Impossible d'ouvrir un centre pareil à Gaza »

« Nous travaillons depuis un moment pour soutenir les journalistes couvrant le conflit à Gaza. Nous avons déjà assuré de l’équipement de protection professionnel et des kits de survie, mais avec les frontières encore fermées, il était impossible d’ouvrir un centre pareil dans la bande de Gaza », explique à L'OLJ Rebecca Vincent. « Nous voulons apporter de l’aide concrète aux journalistes qui veulent couvrir le conflit à Gaza mais aussi l’actualité dans la région », précise-t-elle.

Pour louer le matériel de protection, seule une caution de 100 dollars sera requise par journaliste. Ce centre, financé par le réseau international de RSF, offrira également un soutien psychologique et juridique à ceux qui en feront la demande. « Il y aura certaines conditions à remplir pour les journalistes qui demandent l’assistance du centre et pour réglementer la location et l’acheminement du matériel, notamment vers Gaza », explique à L'OLJ Jad Chahrour, responsable média du centre SKeyes.


Le ministre sortant de l'Information, Ziad Makari, qui a assisté à l'événement, a rappelé que son ministère a invité les journalistes à lui transmettre leurs plaintes lorsqu'ils sont envoyés en zone de conflit dans des conditions inadéquates. « Nous avons reçu plusieurs plaintes déjà et faisons le suivi de ces dossiers. Mais les relations entre les secteurs privé et public ne sont pas toujours évidentes, et l’État est en crise », dit-il à L'OLJ.


« Beyrouth est clairement un hub pour les journalistes de Gaza et toute la région », indique Rebecca Vincent, lors de la conférence de presse tenue dans les petits locaux de ce nouveau centre, situé au 6e étage de l'immeuble Twin Towers dans le quartier du Palais de justice. Dans le public, beaucoup de journalistes, dont certains ayant été blessés lors de leur couverture du conflit en cours, comme Dylan Collins ou encore Carmen Joukhadar, qui a pris la parole.

L'ouverture d'un tel centre à Beyrouth traduirait-elle la crainte d'un conflit généralisé au Liban ? « Ce n’est pas le message que nous voulons envoyer. Nous ne pouvons pas prédire le futur, mais il y a déjà eu des conflits par le passé au Liban. Aujourd'hui, il y a un besoin de soutien aux journalistes de la région, et le Liban est une destination convenable de par sa proximité avec Gaza », répond Rebecca Vincent.

 

Les journalistes qui souhaitent obtenir l'assistance du Centre régional pour la liberté de la presse de RSF peuvent le faire à l'adresse mail suivante : beirutpfc@rsf.org

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