Lundi 18 décembre, à Al-Rai, dans le gouvernorat d’Alep, le correspondant de la chaîne Syria TV Humam Al-Zein, son caméraman Nizar Zabin, celui de la chaîne Al-Arabiya Malath Al-Homsi ainsi que le journaliste indépendant Fares Zain Al-Abidin ont été agressés puis arrêtés par des policiers, alors qu’ils couvraient une manifestation d’avocats réclamant l’indépendance du système judiciaire et la démission du gouvernement intérimaire qui contrôle la zône.
Libérés trois heures après leur arrestation grâce à l’intervention de quelques avocats déterminés, les journalistes ont pu récupérer leur matériel confisqué, mais toutes leurs images relatives à leur reportage ont été effacées.
Face à l’ampleur des réactions aux agressions, le gouvernement intérimaire s’est empressé de publier un communiqué. Il dit regretter, mener une “enquête” sur l’incident, vouloir préserver la liberté de la presse ainsi que le droit de manifester, tout en dénonçant les manifestations. “Les excuses ne suffisent plus, a réagi auprès de RSF Humam Al-Zein. Cette attaque n'est pas la première du genre : nous en avons subi plusieurs de la part d'institutions soi-disant officielles qui prétendent faire respecter les lois et protéger les journalistes”.
L’agression des journalistes s’est déroulée au moment où ils quittaient le palais de justice. “Nous avons été surpris par des individus en civil et armés, qui nous ont dit qu'il était interdit aux professionnels des médias de sortir par une porte [principale], qu’il fallait sortir par une autre, a rapporté Humam Al-Zein à RSF. C’était en réalité un prétexte pour nous arrêter et confisquer notre équipement”.
Face à leur refus de les suivre, d’autres policiers arrivés en renfort ont frappé le caméraman Nizar Zabin avant de l’arrêter et de lui confisquer son matériel. Ils ont également insulté, et embarqué ses collègues Humam Al-Zein, Fares Zain Al-Abidin et Malath Al-Homsi, leur causant plusieurs dommages physiques et psychologiques.
La manifestation, programmée en début d’après-midi dans la cour du palais de justice d’Al-Rai, s’est déroulée dans une atmosphère particulièrement tendue, avec un important dispositif de sécurité – le nombre de policiers dépassant largement celui des manifestants, selon les informations recueillies par RSF.
Au moins 25 journalistes sont actuellement détenus en Syrie, où les conditions de travail des journalistes sont particulièrement difficiles. Neuf journalistes sont encore portés disparus et 38 sont toujours otages : des chiffres parmi les plus élevés au monde.