Le gouvernement israélien a donné, mercredi, pour instruction à l’armée de bloquer l’accès aux villages frontaliers du Liban-Sud aux habitants souhaitant retourner dans leurs domiciles, selon le quotidien Haaretz. Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a justifié cette mesure « conformément à la première phase du plan de cessez-le-feu », ajoutant que l’armée israélienne a arrêté « quatre agents du Hezbollah, dont un commandant local », qui auraient pénétré dans ce qu’il qualifie de « zone d’accès restreint ».
Plus tôt dans la journée, des journalistes ont été pris pour cible par des soldats israéliens alors qu’ils tentaient de s’approcher du village occupé de Khiam, dans le caza de Marjeyoun. Le photographe de l’agence Associated Press Mohammad Zaatari a été blessé à la jambe par balles alors qu’il essayait de prendre en photo un char israélien de type Merkava, en compagnie d’un correspondant de l’agence russe Sputnik, Abdel Qader al-Bai, atteint par des éclats d’obus, et de son confrère du journal al-Akhbar Ali Hachicho, qui a rapporté l’incident à notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah. Le journaliste ajoute que les soldats israéliens ont tiré plusieurs balles vers le groupe et que celui-ci a dû battre en retraite. Mohammad Zaatari a été transporté à l’hôpital de Marjeyoun puis à celui de Nabatiyé. « L’armée israélienne a ouvert le feu sur un groupe de journalistes dans la ville de Khiam, dans le sud du pays, blessant le photographe d’Associated Press Mohammad Zaatari de deux balles dans la jambe et le reporter de Sputnik Abdel Qader al-Bai d’un éclat d’obus dans le pied », a confirmé sur X la Fondation Samir Kassir (SKeyes). De son côté, le président du syndicat des rédacteurs Joseph Kossaïfi a dénoncé les tirs israéliens contre les journalistes, condamnant cet incident en précisant que celui-ci constituait « la première violation du cessez-le-feu convenu mardi ». Il rappelle que plus de douze journalistes et photographes ont été tués au Liban durant cette guerre depuis le 8 octobre 2023. « Nous en appelons à la communauté internationale, aux organisations de défense des droits de l’homme, à la Cour pénale internationale, à la Fédération internationale des journalistes et à la Fédération générale des journalistes arabes afin qu’ils réalisent à quel point les sionistes s’obstinent à bafouer les lois et les conventions internationales et à nier les règles les plus élémentaires consistant à s’abstenir d’attaquer les professionnels des médias dans les zones de guerre et de conflit », a-t-il ajouté.
Accès bloqué au sud du Litani
En outre, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a affirmé pour sa part que, « en application des règles approuvées par le ministre de la Défense, le Premier ministre et le cabinet, les membres du Hezbollah qui s’approchent de nos forces, de la zone frontalière et des villages situés dans la zone délimitée seront pris pour cible ». Il a aussi souligné que « les combats au Liban ont été menés avec détermination et l’application de l’accord le sera encore plus ». Plus tôt dans la journée, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee a lancé, dans une vidéo postée sur X, une série de directives aux Libanais qui rentrent chez eux et sommé les habitants de « ne pas se diriger vers les localités où se trouve l’armée israélienne, ce qui peut les exposer au danger ». Il a annoncé qu’entre mercredi 17h et jeudi 7h du matin, « il sera interdit de se rendre au sud du Litani ». L’armée israélienne se comportera « avec fermeté » face à toute « violation » de l’accord de cessez-le-feu, a-t-il dit.
De leur côté, les autorités libanaises ont lancé un avertissement aux habitants de Nabatiyé, grande ville au sud du pays, les appelant à éviter de se rendre dans les champs autour de la localité, en raison de la présence de bombes à fragmentation et d’autres munitions non explosées larguées par Israël au cours des deux derniers mois de son offensive. Une mise en garde lancée alors que des centaines de Libanais déplacés par les combats se pressent à rentrer dans leurs villages du Sud, de la Békaa, ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon l’Agence nationale d’information (ANI), le ministère des Travaux publics s’est également activé dans la région de Nabatiyé pour déblayer les décombres des bâtiments rasés par les frappes israéliennes, qui bloquaient les routes.