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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

Décision de libérer Ayoubi sous caution... avec sursis de 24 heures

Mercredi 29 novembre 2017
 
Dans l'affaire de la détention du journaliste Ahmad Ayoubi, détenu depuis le 16 novembre sous prétexte de « diffamation contre le président de la République », un développement a eu lieu hier : le juge d'instruction de Beyrouth Charbel Abou Samra a pris la décision de libérer le journaliste contre le paiement d'une caution de 500 000 livres libanaises. Cette décision, selon l'avocate de la défense, doit être exécutée 24 heures après sa publication (à partir d'hier), étant donné « le délai accordé à la partie plaignante pour annoncer sa position par rapport à cette décision ».
Nous n'en saurons pas plus sur le déroulement de cette affaire jusqu'à nouvel ordre, mais ses implications n'échappent à personne. Ayman Mhanna, directeur de SKeyes (pour la liberté de la presse et de la culture), qualifie cette affaire de « scandale ». Ahmad Ayoubi, également coordinateur de l'Alliance civile islamique et membre du mouvement de l'Initiative nationale, est en effet en détention depuis le 16 novembre après publication, le 12, d'un article en arabe dans le site al-Janoubia, intitulé « Qui est la personne visée par le tweet de (Thamer) al-Sabhane sur la trahison et l'incitation (contre le royaume d'Arabie saoudite) ? ». Cet article mettait principalement en cause l'un des conseillers du Premier ministre Saad Hariri, Nader Hariri, et son rôle dans l'épisode de la démission de celui-ci. Après cinq jours de garde à vue, Ayoubi avait fait l'objet d'un mandat d'écrou.
Cette affaire est loin d'être la seule à défrayer la chronique, puisque le journaliste Marcel Ghanem a lui aussi été convoqué, récemment, à une audience au parquet de Baabda pour des propos tenus par deux journalistes saoudiens durant un talk-show où il avait, pourtant, pris soin d'inviter des intervenants de bords politiques différents. Aujourd'hui, rappelons-le, plusieurs sites d'information ont suspendu leurs activités pour quelques heures, en signe de protestation contre les atteintes à la liberté d'expression.

« Le tribunal des imprimés est compétent pour les articles en ligne »
Pour sa part, Ayman Mhanna se demande « pourquoi la prison dans un cas de diffamation personnelle » au lieu d'une comparution devant le tribunal des imprimés, sachant que l'article en question ne fait pas mention du président de la République, comme cela est signalé dans l'accusation (NDLR : on peut facilement le retrouver en ligne). À la question de savoir si la loi sur les imprimés couvre les articles publiés sur des sites internet, Ayman Mhanna assure que c'est le cas, depuis 2011. « Il n'y a que les cas de propos publiés sur les réseaux sociaux pour lesquels le tribunal des imprimés n'est pas compétent, mais il l'est pour le reste », précise-t-il.
Même son de cloche auprès du président de l'ordre des rédacteurs Élias Aoun, qui est catégorique. « Quelle que soit l'accusation portée contre ce journaliste en rapport avec l'un de ses écrits, celui-ci n'est pas supposé être en détention mais doit comold_paraître seulement devant le tribunal des imprimés, seul compétent dans les affaires de ce type », affirme-t-il à L'OLJ. Interrogé sur la manière dont l'ordre suit cette affaire et d'autres, M. Aoun assure que les cas successifs d'interpellations de journalistes ont fait l'objet d'un débat dans le conseil de l'ordre. Il appelle par ailleurs les journalistes et tous ceux qui écrivent dans les médias à faire appel à l'ordre en cas de besoin. Pour Ayman Mhanna, « quand on arrête une personne, c'est généralement pour mettre un terme à un préjudice qu'elle continuerait de causer si elle était en liberté ». « Cela ne s'applique pas du tout à ce cas, il n'y a aucun justificatif juridique à ce qui se passe, d'autant plus que l'intérêt public n'est pas menacé de quelque façon que ce soit », poursuit-il. Il attire l'attention sur le fait qu'il s'agit de la détention la plus longue de ces derniers mois pour une accusation en rapport avec la publication d'une opinion, bien que pas la seule. Il se dit préoccupé par les nombreuses interpellations d'internautes par les autorités sur base de ce qu'ils écrivent sur leurs comptes, mais aussi par « des convocations de parties non étatiques dans leurs zones d'influence, et que très peu de concernés sont disposés à dénoncer publiquement ».
Ayman Mhanna reflète une réelle inquiétude des organisations concernées par la liberté d'expression sur l'éventuel retour d'un climat de menace sur les libertés qui dominait avant 2005, précisant que ces organisations « sont en état d'alerte ». « La différence, c'est que ces pratiques étaient plus flagrantes en ce temps-là, alors qu'actuellement, elles sont favorisées par le consensus politique qui leur assure une couverture », ajoute le militant. Il s'interroge notamment sur les raisons de l'inaction des ministres concernés, notamment les ministres de l'Information, de l'Intérieur et de la Justice, issus de formations politiques pourtant très présentes sur la scène.
Si les hommes politiques restent inactifs, les médias, de leur côté, ont-ils assez soulevé l'affaire Ayoubi ? « La couverture médiatique a été minime, et c'est ce qui m'inquiète encore davantage, souligne Ayman Mhanna. Sommes-nous en train d'assister au retour d'un climat d'autocensure ? »
Que peuvent faire les organisations de défense des libertés ? « Ces organisations sont disposées à ramener l'affaire des libertés sur le devant de la scène, assure-t-il. Pour ce qui est des journalistes, nous pouvons leur assurer un avocat et un soutien en cas de besoin. »

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