La première a eu lieu jeudi soir sur la place des Martyrs, dans le cadre de l’inauguration du Festival du printemps de Beyrouth. Pour le coup d’envoi de sa 8e saison, la série web « Zyara » (visite, en arabe) a ainsi choisi le cœur de la ville auquel elle rend hommage.
Pour s’adresser à Beyrouth, à travers des épisodes de cinq minutes chacun, la série a choisi de tendre le micro à 12 artistes incontournables de la scène culturelle libanaise : Georgette Gebara, Roger Assaf, Rifaat Tarbay, Randa Kaady, Faek Homaissi, Ziad el-Ahmadie, Mireille Maalouf, Takla Chamoun, Harout Fazlian, Oumayma el-Khalil, Nicolas Daniel et Randa Asmar.
Cette 8e édition porte Beyrouth dans son cœur parce que cette ville « nous a donné la beauté, l’amour, la laideur, le chagrin, la guerre et la destruction, mais la plus belle chose qu’elle nous ait accordée est la signification de la liberté, celle de créer des choses en lesquelles nous croyons, et de réaliser nos rêves », indique la coréalisatrice Denise Jabbour.
Cette édition de « Zyara » a été ainsi lancée au cœur du centre-ville de Beyrouth, sur la place des Martyrs, chargée de symbolique ; « Cette place, ajoute Jabbour, porte des messages importants, issus de différentes révolutions et idées, et nous nous sentons tristes lorsque nous la voyons vide, ses lumières éteintes, comme si nous nous trouvions dans une ville fantôme. » Il s’agit donc pour elle « d’honorer la ville de Beyrouth et de ramener à la vie cette place, ne serait-ce que pour une nuit, afin que les voix des artistes participants puissent résonner dans toute la ville ».
Les artistes, des piliers du théâtre, de la danse, de la musique, du grand et du petit écran racontent leur relation avec Beyrouth en tant qu’espace de liberté, de beauté, d’art et de culture, et comment elle s’est transformée avec la guerre, la crise économique, la double explosion du 4 août et tous les guerres et les conflits qu’elle a connus. Elle a été « certes détruite et défigurée, mais il y a toujours de l’espoir, comme ils le voient, pour que l’homme vive, aime et crée », estime Denise Jabbour.
Dans cette saison de « Zyara », rendue possible grâce au soutien du fonds Beryt de l’Unesco, réalisée et filmée par Muriel Aboulrouss, les artistes partagent leur vision et rapport à la capitale libanaise, entre nostalgie, amertume et espoir.
La réalisatrice et directrice de la photographie rappelle que la philosophie de « Zyara » – lancée en 2014 par Home of Cine-Jam, l’organisation artistique humanitaire fondée par Jabbour et Aboulrouss – était à l’origine basée sur « le désir de filmer des personnes qui sont des modèles pour nous tous et qui nous motivent à continuer d’avancer malgré toutes les difficultés ».
Comme le titre l’indique, il s’agit d’une visite courte et simple. «Nous rendons visite à la personne, nous lui parlons et nous lui posons des questions sur sa vie, sur son expérience la plus difficile et sur la manière dont elle l’a surmontée », indiquent les réalisatrices qui tiennent à « rester le plus loin possible de la politique et la religion ou toute autre thématique qui pourrait diviser les gens ».
À signaler que la saison 8 sera diffusée sur le canal YouTube de Home of Cine Jam à partir de la mi-juin.
Au programme du Festival du printemps de Beyrouth, Mute, une pièce de théâtre multiprimée de Sulayman al-Bassam, les dimanche 9 et lundi 10 juin, au théâtre Tournesol, rond-point Tayouné, un concert de Ziyad Sahhab au théâtre al-Madina le 15 juin et un hommage à Gisèle Khoury le jeudi 20 juin, à 21h, au théâtre Tournesol, Tayouné.