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SKeyes Center for Media and Cultural Freedom - Samir Kassir Foundation

Les défis de Rima Abdul Malak à la tête de « L’Orient-Le Jour »

Source Le Figaro
Jeudi 02 octobre 2025
Photo credit: Jeanne Accorsini
Quelques jours après avoir célébré son centenaire, L’Orient-Le Jour ne se contente pas de regarder en arrière. Le quotidien libanais, dernier bastion d’une presse en français au Moyen-Orient, s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre : à partir de novembre, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak en prendra la direction exécutive. Un choix symbolique pour ce titre qui a traversé les crises et cherche à mieux exploiter son potentiel de développement lié à la diaspora libanaise, forte de centaines de milliers de personnes, en France notamment. Rima Abdul Malak en est l’une des nombreuses figures.

Pour l’ex-ministre, qui a quitté Beyrouth à l’âge de 10 ans et revendique sa double culture, le projet est né de ses échanges avec Nayla de Freige, PDG de L’Orient-Le Jour. « L’envie de m’investir au Liban m’y a ramenée à plusieurs reprises, mais je n’avais jamais pensé y entamer une aventure professionnelle », explique-t-elle. L’ex-ministre est associée au festival du centenaire organisé par le quotidien. « Nous cherchions une personnalité qui apporte une dimension internationale, raconte Nayla de Freige. Le courant est passé immédiatement. » Rima Abdul Malak confirme avoir été très vite séduite par « le respect absolu de la liberté éditoriale défendue par les actionnaires ».

Fondé en 1924 et issu de la fusion de deux quotidiens en 1971, L’Orient-Le Jour fait figure d’exception dans un paysage médiatique libanais où le financement politique est monnaie courante. « La diversité fait croire au pluralisme, alors que prévalent en réalité des affiliations politiques ou confessionnelles très visibles », explique Ayman Mhanna, directeur de la Fondation Samir Kassir pour la liberté de la presse.

Plusieurs injections de capital ont été nécessaires avant et après la crise de 2019 qui a provoqué l’effondrement de l’économie libanaise. Pour redresser la barre, le choix a été fait de « mettre le turbo sur le développement numérique - qui représente désormais plus de 60% des revenus - tout en préservant la rentabilité du papier », explique le directeur sortant, Fouad Khoury-Hélou. Le chiffre d’affaires a triplé en cinq ans, grâce notamment à une niche de lecteurs fidèles au fort pouvoir d’achat.

La survie de la rédaction, qui compte une soixantaine de journalistes sur un effectif d’une centaine de salariés, dépendait de la capacité à réussir le rattrapage post-crise. Avec l’arrivée de Rima Abdul Malak, il s’agit de franchir un nouveau cap. Car l’âge d’or du quotidien, qui reposait sur un lectorat captif, autour d’une bourgeoisie francophone et très majoritairement chrétienne, est bel et bien révolu. L’objectif est de fidéliser le lectorat à l’étranger, qui, avec 1,5 million de visiteurs mensuels, représente déjà 80 % des lecteurs, et d’élargir l’audience à de nouveaux publics. Un véritable défi alors que la société libanaise est très divisée et les clivages politiques exacerbés, et que la diaspora francophone est très diverse. Et c’est sans parler du lectorat intéressé par le Moyen-Orient, qu’il soit capté en français ou potentiellement en anglais grâce au développement de la marque OLJ Today.

La nouvelle directrice exécutive veut se donner le temps d’affiner sa stratégie. « Le rôle d’un média n’est plus seulement d’informer mais de relier les citoyens. L’Orient-Le Jour est une grande communauté qui relie les Libanais du Liban, ceux du monde entier et toutes les personnes s’intéressant au Moyen-Orient », dit-elle. Les pistes ne manquent pas pour diversifier les sources de revenus (débats, événements, échanges culturels…) et combler les pertes encore importantes liées à la hausse substantielle des coûts. Les actionnaires n’ont « pas de date butoir » pour parvenir à l’équilibre, souligne Philippe Hélou. Une façon de signifier que leurs reins sont suffisamment solides, sans répondre directement aux rumeurs prêtant au Franco-Libanais Rodolphe Saadé, patron de CMA CGM, d’avoir proposé de racheter L’Orient-Le Jour.

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